Lethwei : l’art des neuf membres, brutalité pure

Lethwei : l’art des neuf membres, brutalité pure

À l’heure où les arts martiaux sont souvent codifiés, aseptisés, et orientés vers la compétition sportive ou le spectacle, certains styles traditionnels conservent une brutalité intacte.
Le Lethwei, surnommé “l’art des neuf membres”, est l’un d’eux. Originaire de Birmanie (Myanmar), cet art de combat est considéré comme l’une des disciplines les plus violentes et réalistes du monde. Pas de gants. Pas de décisions aux points. Pas de concession.

Dans ce dossier, plonge dans un système de combat archaïque mais ultra-efficace, à l’intersection entre tradition martiale, mental de guerrier et survie au corps-à-corps.


1. Qu’est-ce que le Lethwei ?

Le Lethwei est un art martial birman ancestral, comparable à la boxe thaïlandaise par sa forme, mais beaucoup plus libre dans ses règles. Il est pratiqué pieds nus, torse nu, et les combattants ne portent que des bandages autour des mains (traditionnellement en corde).

Mais sa particularité la plus marquante, c’est l’autorisation des coups de tête. Là où la plupart des disciplines de percussion interdisent ce geste, le Lethwei en fait l’une de ses armes majeures, ce qui lui vaut le surnom de "l’art des neuf membres" :

  • 2 poings

  • 2 coudes

  • 2 genoux

  • 2 pieds

  • 1 tête

C’est un art de guerre. Pas un sport de salon.


2. Histoire : un art né pour la guerre, pas pour le spectacle

Le Lethwei remonte à plusieurs siècles, utilisé par les soldats du royaume birman comme système de combat militaire à mains nues, à une époque où les armes blanches étaient omniprésentes mais les combats au corps-à-corps inévitables.

Son objectif d’origine : neutraliser rapidement, brutalement, et sans règles l’adversaire. Les anciens tournois de Lethwei se terminaient souvent par KO, abandon ou blessure grave.

Interdit pendant la colonisation britannique, le Lethwei a survécu dans les villages et les camps d’entraînement traditionnels, avant d’être remis sur le devant de la scène dans les années 1990, notamment grâce à la confrontation avec d’autres disciplines.

Aujourd’hui, des combattants du monde entier s’intéressent au Lethwei comme alternative aux sports de combat trop encadrés.


3. Les règles du Lethwei : violence assumée, logique tactique

Contrairement au Muay Thaï ou au MMA, il n’existe pas de décision aux points dans un combat traditionnel de Lethwei. Si aucun combattant ne termine par KO ou abandon, le match est déclaré nul.

Les coups autorisés :

  • Coups de poings, coudes, pieds, genoux

  • Coups de tête (frontal, latéral, plongeant)

  • Corps à corps libre

  • Projections et balayages

Les coups interdits :

  • Piqués aux yeux

  • Morsures

  • Coups dans les parties génitales

  • Strangulations prolongées (selon les organisations modernes)

Dans le Lethwei traditionnel, un combattant peut demander une pause de deux minutes pour récupérer après un knockdown… et reprendre le combat. Une spécificité unique qui teste le mental et la douleur au-delà du physique.


4. Pourquoi le Lethwei fascine les combattants modernes

Ce style attire de plus en plus de pratiquants issus de :

  • MMA (pour la dureté mentale et les armes non conventionnelles)

  • Forces de l’ordre / armée (pour son approche directe et réaliste)

  • Self-défense (pour sa logique de combat de rue)

  • Pratiquants de boxe pieds-poings qui cherchent une forme “pure” et plus libre

Le Lethwei enseigne la résistance au choc, le rythme brutal, la capacité à encaisser, frapper et rester lucide dans le chaos total. Peu de disciplines poussent aussi loin la confrontation avec la violence directe.


5. Les techniques emblématiques du Lethwei

1. Coup de tête plongeant (ram muay)
Armé par un pas en avant ou en pivot, il permet de briser la garde d’un adversaire, casser son rythme, ou punir un clinch prolongé. Utilisé à courte distance, il devient une arme redoutable.

2. Clinch agressif
Contrairement au clinch du Muay Thaï plus contrôlé, le clinch en Lethwei est souvent désorganisé, sauvage, utilisé pour créer l’ouverture vers des coups sales (coups de tête, genoux dans le foie, etc.).

3. Enchaînements mains-tête-genoux
Le Lethwei favorise la fluidité entre les segments. Une combinaison classique peut ressembler à : jab – overhand – coup de tête – genou sauté.

4. Attitude prédatrice
Le style mental prime : posture droite, relâchée, regard fixe. Le Lethwei enseigne à dominer le ring non par la stratégie défensive, mais par l’agressivité maîtrisée.


6. S’entraîner façon Lethwei : force brute, mental d’acier

Un bon combattant de Lethwei doit allier :

  • Force de frappe brute

  • Explosivité sur les appuis

  • Cou en béton (beaucoup de travail de gainage cervical)

  • Mobilité fluide, mais ancrée

  • Capacité à encaisser… et revenir

Exemple de séance type :

  • Shadowboxing avec simulation de coups de tête (3x3 min)

  • Travail au sac lourd : enchaînements poings / coudes / tête (5x2 min)

  • Drills de clinch + projection + reprise au sol

  • Travail de cou (ponts, isométrie, rotations lentes lestées)

  • Sparring léger sans gants (avec bandages seulement, type Lethwei traditionnel)

Le tout se fait à haute intensité, sans musique, souvent en extérieur ou en environnement rustique. Pas de miroir, pas de confort.


7. Lethwei et combat réel : quelles applications tactiques ?

Pour un soldat, un agent de sécurité, un individu en situation d’agression urbaine, le Lethwei offre des réponses immédiates :

  • Utiliser la tête comme arme

  • Gérer le contact rapproché sans peur

  • Neutraliser rapidement par surprise ou explosivité

  • S’adapter à un terrain glissant, restreint, sans règles

Ce style développe un mindset de violence contrôlée, une disponibilité à l’action totale, une capacité à rester debout quand l’autre s’effondre.


Conclusion : le Lethwei n’est pas un sport. C’est un état d’esprit

À une époque où les combats sont analysés, notés, et dédramatisés, le Lethwei propose un retour au réel.
Il ne récompense pas la beauté technique, mais la domination physique, la volonté de vaincre, et la capacité à supporter la douleur.

C’est un art martial pour ceux qui veulent comprendre ce que signifie réellement se battre.


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