Blessure ou invalidité : comment un militaire peut-il éviter une perte de revenus ?

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En tant que militaires, nous faisons face à des risques professionnels uniques qui peuvent entraîner une perte revenus militaires significative. L'assurance décès invalidité, qui peut couvrir jusqu'à 150 000 €, représente une protection essentielle pour notre sécurité financière.

En effet, que nous soyons militaires de carrière ou militaire reserviste, les conséquences d'une blessure ou d'une invalidité peuvent être lourdes. Cette assurance, dont le coût varie entre 0,25% et 1% du montant du prêt, couvre notamment le décès avant 85 ans, l'invalidité permanente partielle (IPP) ainsi que l'incapacité temporaire de travail (ITT).

Dans cet article, nous examinerons les différents dispositifs et démarches disponibles pour protéger vos revenus en tant que militaire, en cas d'accident ou d'invalidité. Nous verrons également les options de soutien et d'accompagnement pour assurer notre stabilité financière et celle de nos proches.

Le système de protection sociale des militaires en France

Le régime de protection sociale pour les militaires français offre une sécurité essentielle face à la perte revenus militaires potentielle. Contrairement au système civil, ce régime reconnaît les risques spécifiques auxquels nous sommes exposés dans l'exercice de nos fonctions.

Les spécificités du régime militaire

La Caisse nationale militaire de sécurité sociale (CNMSS) gère notre protection sociale spécifique. Cette caisse dédiée répond aux besoins particuliers des militaires et de leurs familles. En cas de blessure, elle constitue notre premier recours institutionnel.

Par ailleurs, la CNMSS dispose de lignes téléphoniques dédiées pour les assurés et les professionnels de santé (+33 (0)4 94 16 36 00) ainsi que pour les pensionnés d'invalidité et blessés en service (+33 (0)4 94 16 96 20). Cette organisation spécialisée reconnaît notre statut particulier et les risques inhérents à notre profession.

La couverture des risques professionnels

En tant que militaires, nous bénéficions d'une couverture contre les risques professionnels intégrée dans le système français qui représente environ 500 milliards d'euros par an, soit plus de 30% du PIB. Cette protection inclut notamment la pension militaire d'invalidité (PMI) qui permet de compenser financièrement les conséquences d'une blessure.

De plus, la CNMSS offre des aides financières complémentaires pour les bénéficiaires d'une PMI, notamment pour compenser une dépendance liée à des soins ou prestations en relation directe avec l'invalidité. Les demandes se font via le formulaire Cerfa 1592901, accompagné d'un formulaire médical (1593101).

Le cas particulier des opérations extérieures

Les opérations extérieures (OPEX) constituent un cadre spécifique pour la protection sociale des militaires. Actuellement, plus de 30 000 militaires français sont déployés sur le terrain, faisant face à des risques accrus.

Depuis 1963, plus de 130 opérations extérieures ont été menées, entraînant malheureusement le décès de 600 militaires français. Ces missions, qu'il s'agisse d'opérations de paix, humanitaires ou de combat, bénéficient d'un cadre juridique particulier.

En effet, les militaires déployés en OPEX disposent de protections légales spécifiques. Notamment, l'article L.4123(12) du Code de la défense stipule qu'ils "ne sont pas pénalement responsables" lorsqu'ils prennent des mesures d'exécution ou utilisent la force armée dans le cadre de leur mission. Ce cadre juridique est complété par des instructions précisant les circonstances et conditions d'usage de la force (règles d'engagement).

Pour la réserve militaire comme pour les militaires d'active, ce système de protection sociale constitue un filet de sécurité essentiel face aux risques exceptionnels de notre engagement.

Les démarches essentielles suite à une blessure en service

Après une blessure en service, agir rapidement est crucial pour éviter toute perte revenus militaires. Une série de démarches administratives et médicales doit être entreprise pour assurer la protection de nos droits.

La déclaration d'accident de service

Dès qu'une blessure survient, notre première obligation est de la signaler immédiatement à notre officier commandant. Cette déclaration initiale déclenche le processus de reconnaissance officielle de l'accident. Ensuite, nous devons soumettre une demande formelle, généralement via un formulaire spécifique, comme le Cerfa 16296*03 pour les demandes de pension militaire d'invalidité. Ce document, émis par l'Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre (ONACVG), permet de solliciter à la fois la pension et les indemnités complémentaires.

Le parcours médical et les expertises

Le suivi médical représente une étape fondamentale. Tout d'abord, il faut obtenir un certificat médical détaillant précisément les blessures subies. Ce document constitue une preuve essentielle pour la suite du processus. Par ailleurs, des expertises médicales seront programmées pour évaluer l'étendue des séquelles et déterminer le taux d'invalidité applicable. Le Service de Santé des Armées (SSA) a développé une procédure médicale spécifique basée sur trois principes : réanimation avancée, chirurgie précoce et évacuation aéromédicale stratégique vers la France dans les 24 à 48 heures.

Les délais à respecter pour préserver ses droits

Nous disposons généralement de trois ans à compter de la date de la blessure pour déposer une demande d'indemnisation. Toutefois, ce délai peut être prolongé d'un an à partir de la décision pénale définitive, le cas échéant. En outre, une demande tardive peut être acceptée en cas de motif légitime, mais cela reste exceptionnel. À la différence d'autres systèmes juridiques, le droit français permet de solliciter une indemnisation supplémentaire si notre état s'aggrave ultérieurement, même plusieurs années après le règlement initial.

Pour les membres de la réserve militaire comme pour les militaires d'active, respecter ces procédures et délais est indispensable pour garantir nos droits à compensation et éviter toute perte revenus militaires significative.

Les pensions et indemnités accessibles aux militaires blessés

Pour les militaires blessés, le système français prévoit diverses compensations financières qui atténuent considérablement la perte revenus militaires. Ces dispositifs, accessibles tant aux militaires d'active qu'aux membres de la réserve militaire, assurent une stabilité financière essentielle pendant la convalescence et au-delà.

La pension militaire d'invalidité (PMI)

La PMI constitue le pilier central de l'indemnisation des blessures de service. Pour l'obtenir, nous devons soumettre le formulaire Cerfa 16296*03 auprès de l'Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre (ONACVG). Cette pension vise principalement à compenser les séquelles fonctionnelles permanentes.

Un avantage considérable de la PMI est son exonération fiscale totale, tout comme les allocations supplémentaires qui l'accompagnent. Par ailleurs, le montant versé dépend directement du taux d'invalidité reconnu et des revenus antérieurs, garantissant ainsi une compensation proportionnelle au préjudice subi.

L'allocation des grands invalides

Pour les blessures particulièrement graves, l'allocation des grands invalides vient compléter la PMI. Accessible dès 60 ans pour les titulaires de la carte du combattant, elle est également versée aux militaires dont l'incapacité atteint au moins 50% et qui perçoivent déjà certaines aides sociales.

Cette allocation présente plusieurs caractéristiques distinctives :

  • Versement semestriel jusqu'au décès du bénéficiaire

  • Cumulable avec les pensions professionnelles

  • Non imposable et non prise en compte dans le calcul des ressources pour l'aide sociale

  • Non transmissible à des tiers

Les indemnités complémentaires

En complément des dispositifs principaux, nous pouvons prétendre à diverses indemnités additionnelles. Notamment, l'allocation temporaire aux grands invalides et la prestation complémentaire pour recours à tierce personne (PCRTP) destinée aux militaires ayant un taux d'invalidité d'au moins 80% et nécessitant une assistance pour au moins trois activités quotidiennes.

Le contrat collectif de prévoyance, quant à lui, assure un complément de revenu garantissant 100% de notre rémunération la première année de congé, puis 80% les deuxième et troisième années. En cas d'invalidité d'origine non professionnelle, un supplément d'au moins 10% de notre rémunération peut être accordé.

Enfin, les militaires qui rentrent chez eux peuvent également bénéficier du capital décès versé aux ayants droit, équivalent à la rémunération brute perçue lors des 12 derniers mois. Ces dispositifs, bien que complexes, constituent un filet de sécurité essentiel contre la précarité financière suite à une blessure en service.

Les dispositifs d'accompagnement pour les militaires qui rentrent chez eux

Rentrer chez soi après une blessure en service présente des défis uniques qui vont au-delà de la compensation financière. Des structures d'accompagnement dédiées ont ainsi été créées pour limiter la perte revenus militaires et faciliter la réintégration sociale.

L'Office national des anciens combattants

L'Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre (ONACVG) constitue le "guichet unique" pour nous, militaires blessés. Cet établissement public, rattaché au ministère des Armées, gère la délivrance des cartes et titres attestant notre statut. Par ailleurs, l'ONACVG supervise l'action sociale en notre faveur et coordonne les initiatives mémorielles.

Depuis 2013, cet organisme centralise toutes nos demandes, simplifiant considérablement les démarches administratives souvent complexes. Notamment, l'ONACVG facilite l'accès aux formations professionnelles et réserve chaque année plus d'une centaine de places dans ses écoles pour les enfants d'auxiliaires.

Les cellules d'aide aux blessés

Les Cellules d'Aide aux Blessés représentent un soutien essentiel pour nous accompagner dans notre reconstruction. En effet, chaque militaire peut contacter son médecin militaire référent ou la Cellule d'Aide aux Blessés pour bénéficier d'une offre sportive adaptée à sa situation.

Ces cellules coordonnent également des événements réguliers comme les Rencontres Militaires "Blessures et Sports", organisées depuis 2012, qui marquent le point d'entrée dans le parcours de réadaptation par le sport. De même, elles intègrent les familles dans ce processus, notamment à travers l'organisation de stages multi-activités.

Le soutien psychologique et la réadaptation

Face aux traumatismes psychologiques, la France a développé un réseau spécifique. Environ 2 800 soldats français souffraient de blessures psychologiques entre 2010 et 2019, soit cinq fois plus que le nombre de blessés physiques. Dans l'armée de terre, 70% des 1 000 militaires en congé maladie de longue durée souffrent de TSPT.

Pour y répondre, le ministère a créé les maisons Athos, centres d'accueil pour les militaires souffrant de troubles psycho-traumatiques :

  • Quatre centres fonctionnent actuellement à Bordeaux, Toulon, Aix-les-Bains et Auray

  • Six autres ouvriront d'ici 2030, dont deux dans les territoires d'outre-mer

  • Chaque centre peut accueillir environ 100 blessés

En parallèle, des innovations technologiques, comme l'exosquelette Atalante développé par la startup française Wandercraft, aident les militaires qui rentrent chez eux à réapprendre à se tenir debout et à marcher. Cette technologie, disponible dans plusieurs hôpitaux français dont Les Invalides à Paris, bénéficie tant aux militaires qu'aux civils.

Conclusion

Notre système de protection sociale militaire offre des garanties essentielles face aux risques professionnels uniques de notre métier. Certes, les démarches administratives peuvent sembler complexes, néanmoins les dispositifs mis en place assurent une protection financière solide.

Les différentes aides, notamment la pension militaire d'invalidité et les allocations complémentaires, permettent de maintenir un niveau de vie stable malgré une blessure ou une invalidité. Également, les structures d'accompagnement comme l'ONACVG et les Cellules d'Aide aux Blessés jouent un rôle crucial dans notre réadaptation.

Sans aucun doute, la prévention reste primordiale. Une bonne connaissance de nos droits et des procédures à suivre constitue notre meilleure protection. Ainsi, chaque militaire, qu'il soit d'active ou réserviste, doit se familiariser avec ces dispositifs avant d'en avoir besoin.

La France dispose d'un des systèmes les plus complets pour protéger ses militaires. Pourtant, cette protection n'atteint sa pleine efficacité que si nous agissons rapidement et suivons correctement les procédures établies après une blessure.

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